Une brillante stratégie,
quatre siècles trop tard

 

Gabriel Sandford était un mage.

Je le compris dès l’instant où je croisai son regard, reconnaissance viscérale qui me saisit avant même que je puisse déterminer la couleur de ses yeux. C’est une particularité spécifique à nos espèces. Il nous suffit de nous regarder droit dans les yeux pour qu’une sorcière reconnaisse un mage et un mage une sorcière.

Les sorcières sont toujours de sexe féminin, les mages de sexe masculin, mais ils ne sont pas notre équivalent pour autant. Nous sommes deux espèces distinctes aux pouvoirs différents, quoiqu’ils se recoupent en partie. Les mages peuvent lancer des sortilèges de sorcières, mais avec une puissance réduite et nous ne pouvons, de la même manière, recourir aux sorts des mages qu’avec un… handicap.

Personne ne sait quand les sorcières et les mages sont apparus, ni qui était là en premier. Comme pour la plupart des espèces surnaturelles, on trouve des traces de leur existence dans les plus anciens documents historiques, à commencer par une poignée d’individus « doués » qui ont donné naissance à une espèce à part entière, toujours assez rare pour devoir se cacher des humains mais assez nombreuse pour former sa propre microsociété.

Les références les plus anciennes aux sorcières véritables montrent qu’elles étaient appréciées pour leurs talents curatifs et magiques mais, dans l’Europe médiévale, on considérait avec une méfiance croissante les femmes dotées de ces pouvoirs. En parallèle, les mages gagnaient en valeur, car les aristocrates rivalisaient pour posséder leur propre « magicien » privé. Les sorcières n’avaient pas besoin d’être extralucides pour voir d’où venait le vent, si bien qu’elles s’attribuèrent un rôle tout neuf dans ce nouvel ordre mondial.

Jusqu’alors, les mages ne pouvaient jeter que des sorts très simples à base de gestes des mains. Les sorcières leur apprirent à accroître leur puissance en recourant à d’autres éléments : incantations, potions, objets magiques, et cætera. En échange de ces enseignements, elles demandèrent aux mages de conclure avec elles une alliance aux avantages mutuels. Si un noble voulait qu’on l’aide à vaincre ses ennemis, il consultait un mage qui transmettait cette demande aux sorcières, lesquelles jetaient alors les sorts adéquats. Puis le mage retournait voir le noble et recevait la récompense. En retour, le mage protégeait les sorcières et subvenait à leurs besoins grâce à sa fortune et à son statut social. Ce système avait fonctionné des siècles durant. Les mages gagnaient en puissance, dans le monde humain aussi bien que surnaturel, tandis que les sorcières gagnaient en sécurité à travers leur protection et un revenu garanti.

Puis survint l’Inquisition.

Les mages firent partie de ses premières cibles en Europe. Comment réagirent-ils ? En se retournant contre nous. Les Inquisiteurs voulaient des hérétiques ? Les mages leur livrèrent des sorcières. Libérés des restrictions morales imposées par les Convents, les mages se tournèrent vers une magie plus puissante et plus noire. Tandis qu’on brûlait les sorcières, ils firent ce qu’ils faisaient mieux que personne : devenir riches et puissants.

Aujourd’hui, les mages occupent certains des postes les plus importants du monde. Hommes politiques, avocats, P.D.G. – cherchez parmi les rangs de toute profession connue pour son ambition, sa cupidité et sa très nette absence de scrupules, vous y trouverez une flopée de mages. Et les sorcières ? Des femmes ordinaires menant des vies ordinaires, dont la plupart redoutent tellement la persécution qu’elles n’ont jamais osé apprendre de sortilèges capables de tuer quoi que ce soit de plus gros qu’un puceron.

 

— Pourquoi ne suis-je pas surprise ? marmonnai-je assez fort pour que Sandford m’entende.

S’il comprit ce que je voulais dire, il n’en montra rien et se contenta de m’offrir une main tendue et un large sourire. Je refusai les deux d’un regard égal puis le contournai pour rejoindre la salle de réunion. J’y trouvai une femme aux cheveux roux, de taille moyenne, la trentaine, bronzage naissant et sourire apprêté. Leah O’Donnell.

Sandford me désigna d’un grand geste.

— Puis-je vous présenter la très estimée dirigeante du Convent américain ?

— Paige, dit Leah en se levant. Comme vous avez l’air… (son regard nota chacun de mes kilos en trop)… bien portante.

— Vous avez d’autres insultes du même genre ? demandai-je. Déballez-les tout de suite, je détesterais que vous passiez une nuit d’insomnie à regretter tous les bons mots que vous auriez ratés.

Leah se laissa tomber sur son siège.

— Oh, allez, poursuivis-je. Faites-vous plaisir. Je ne me vengerai même pas. Les répliques à deux balles, ça n’a jamais été mon genre.

— Alors c’est quoi, votre genre, Paige ? demanda Leah en désignant ma robe. Laura Ashley, on dirait. Très… approprié pour une sorcière.

— En fait, intervint Sandford, j’ai cru comprendre que la plupart des sorcières du Convent préféraient les pantalons en polyester. Bleus, assortis à leur rinçage.

— Vous voulez prendre quelques minutes pour trouver plus spirituel ? Je peux patienter.

— Oh, finissons-en, répondit Leah. J’ai des choses à faire, des visites à rendre, des vies à détruire.

Avec un rictus dévoilant ses dents, elle s’appuya contre le dossier de son siège.

Je roulai des yeux, m’assis à mon tour et me tournai vers Sandford.

— Elle a raison, venons-en au vif du sujet. C’est très simple. Vous n’obtiendrez pas la garde de Savannah. En organisant cette réunion absurde, vous n’avez réussi qu’à me mettre sur mes gardes. Si vous pensiez pouvoir m’agiter de faux papiers sous le nez et me faire peur pour que je vous la cède, vous vous trompez de sorcière.

— Ah, mais ils ne sont pas faux, répondit Sandford.

— Tiens donc. Sur quelle base est-ce que vous pourriez bien vouloir m’attaquer ? Mon âge ? Leah n’est pas beaucoup plus vieille. L’absence de lien de parenté avec Savannah ? Elle n’en a pas non plus. J’ai une affaire prospère, une maison sans emprunt immobilier, je suis bien connue pour avoir souvent rendu service à la communauté, et, plus important, j’ai la bénédiction de la seule parente encore en vie de Savannah.

Les lèvres de Sandford s’étirèrent en un sourire.

— Vous en êtes sûre ?

— Évidemment. C’est ça, votre plan ? Convaincre Margaret Levine de céder la garde à quelqu’un d’autre ?

— Non, je voulais dire : êtes-vous sûre que Mlle Levine soit la seule parente encore en vie de Savannah ? Ce n’est pas parce que sa mère est morte que cette enfant est orpheline.

Il me fallut quelques secondes pour comprendre.

— Son père ? Savannah ne le connaît même pas. Oh, laissez-moi deviner. Vous vous êtes débrouillé pour retrouver sa trace et vous l’avez convaincu de soutenir Leah. Ça vous a coûté combien ? (Je secouai la tête.) Peu importe. Empruntez cette voie-là si ça vous chante. Ce seront toujours mes qualités contre celles de Leah, une bataille que je suis prête à engager quand vous voulez.

— Qui vous dit que c’est moi qui veux la garde ? demanda Leah depuis son bout de table. Vous lui avez dit ça, Gabe ?

— Bien sûr que non. De toute évidence, Paige tire des conclusions hâtives. Il est écrit ici…

Il souleva sa copie de la lettre que j’avais reçue et feignit un froncement de sourcils appuyé – à peu près aussi crédible que s’il s’était frappé le front.

— Je n’en reviens pas. Ma nouvelle secrétaire… Je lui ai demandé de vous citer comme témoin. Et qu’a-t-elle fait ? Elle vous a indiquée comme la plaignante.

Tous deux secouèrent la tête puis me laissèrent mijoter en silence.

— Qui est le plaignant ? demandai-je.

— Le père de Savannah, bien sûr, répondit Sandford. Kristof Nast.

Comme je ne réagissais pas, Leah se pencha pour lui dire en aparté :

— Je crois qu’elle ne le connaît pas.

Sandford ouvrit de grands yeux.

— Est-ce possible ? La dirigeante du tout-puissant Convent américain ne connaît pas Kristof Nast ?

Sous la table, je plantai les ongles dans mes cuisses, m’efforçant de tenir ma langue.

— C’est l’héritier de la Cabale Nast, reprit Sandford. Vous savez ce qu’est une Cabale, n’est-ce pas, sorcière ?

— J’en ai entendu parler.

— Entendu parler ? répéta-t-il avant d’éclater de rire. Les Cabales sont des sociétés ayant des intérêts internationaux et dont le chiffre d’affaires se calcule en milliards de dollars. Le plus grand triomphe des mages, et elle en a « entendu parler ».

— Ce Nast, c’est un mage ?

— Naturellement.

— Alors il ne peut pas être le père de Savannah, hein ? Sandford hocha la tête.

— Je reconnais qu’il est difficile de comprendre comment un mage, surtout du statut de M. Nast, a pu s’abaisser à coucher avec une sorcière. Toutefois, nous devons nous rappeler qu’Eve était une jeune femme très séduisante et d’une féroce ambition, je conçois donc quelle ait pu séduire M. Nast, malgré la répugnance qu’inspire une telle union.

— N’oubliez pas, ajouta Leah, qu’Eve n’était pas qu’une sorcière. Elle était aussi semi-démone – une véritable créature surnaturelle.

— Ah oui ? répliquai-je. Une créature surnaturelle incapable de transmettre ses pouvoirs à ses enfants ? C’est plus une aberration qu’une espèce, vous ne trouvez pas ? (Avant qu’elle puisse répondre, je me tournai vers Sandford.) Je reconnais que j’ai du mal à imaginer une sorcière faisant des folies de son corps avec un mage quand on sait combien d’autres personnes sur cette planète sont équipées d’un pénis en état de marche mais, au-delà de cet aspect, il y a un problème d’ordre biologique. Les mages n’engendrent que des fils. Les sorcières n’enfantent que des filles. Comment auraient-ils pu se reproduire ? C’est impossible.

— C’est un fait ? demanda Sandford.

— Évidemment, répondit Leah. Paige sait tout sur tout. Elle a fait ses études à Harvard.

Sandford ricana.

— L’école la plus surestimée de tout le pays, et maintenant, elle accepte même les sorcières. Comme les puissants sont tombés bas.

— Vous n’avez pas réussi à y entrer, hein ? demandai-je. Désolée de l’apprendre. Enfin bref, si vous avez la preuve qu’une sorcière et un mage peuvent avoir des enfants, faxez-la-moi. Dans le cas contraire, je supposerai que c’est moi qui ai raison.

— M. Nast est le père de Savannah, répondit Sandford. Et maintenant que sa mère a disparu, il veut s’assurer qu’elle bénéficie de toute la puissance qu’elle mérite, comme Eve l’aurait voulu.

— En voilà un argument de poids, commentai-je. J’aimerais bien vous voir le présenter devant un tribunal.

— Ce ne sera pas nécessaire, répondit Sandford. Vous renoncerez à sa garde bien avant que nous atteignions ce stade.

— Et comment comptez-vous m’y forcer ?

— Méthode de sorcières, répondit Leah avec un rictus.

— Soit vous nous donnez Savannah, soit nous révélons votre nature au reste du monde.

— Vous voulez dire… (Je m’étranglai de rire.) Vous comptez m’accuser de pratiquer la sorcellerie ? Ça, c’est un plan génial. Enfin ça l’aurait été il y a quatre siècles. La sorcellerie ? Tout le monde s’en fout. C’est du réchauffé.

— Vous en êtes bien sûre ? demanda Sandford.

— La pratique de la sorcellerie est une religion reconnue par l’État. Vous ne pouvez pas exercer de discrimination contre moi sur la base de mes croyances religieuses. Vous auriez dû faire vos devoirs, monsieur l’avocat.

— Ah, mais c’est ce que j’ai fait.

Il sourit et, sur ces mots, tous deux quittèrent la pièce.

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